A la mémoire des victimes des attentats de Bruxelles.
Témoignage d’une bénévole de SB Overseas racontant ce qu’elle a vécu avec les enfant refugiés et le 22 mars 2016 dans le metro.

– 16 Janvier 2016 :

Première journée d’activité avec les enfants: je partage leur langue, leur couleur et bien d’autres…. Pourtant, j’ai choisi d’être là, à Bruxelles. Combien de « ces » enfants auront- ils vraiment fait le même choix?

– Février 2016 :

Malgré le froid, la splendeur et la beauté du ciel bruxellois ne cessent de m’étonner. « Mes enfants » comprendront-ils un jour cette beauté? Ou Bruxelles, sera-t-elle pour eux toujours le lieu d’exil?

– 8 Mars 2016 :

Activité : bricoler des sacs en papiers. Les enfants offrent leurs plus beaux sacs à « Mahmoud », leur copain malade depuis presque un mois. Je me dis : quand j’irai le visiter, je lui montrerai ces sacs, il sera content.

– 22 Mars 2016 (9:05):

Je suis en métro, on arrive dans quelque secondes à la station Maelbeek. Le métro s’arrête, j’entends l’explosion et je respire la fumée. La mort m’a fuie au Caire, mais elle me cherche à grand pas à Bruxelles… Je serais tuée au nom de ma foi, c’est absurde.

– 22 Mars 2016 (9:30) :

On me fait sortir du métro en marchant enter les rames. Suis-je «traumatisée»? Peut-être… Combien de mes enfants ont fait des chemins plus dangereux pour arriver à Bruxelles? Ont-ils senti la mort, comme je l’ai senti à Maelbeek? Je peux le comprendre, mais eux? Pourquoi un enfant doit-il voir la mort s’approcher?

– 25 Mars 2016 :

«Mahmoud» est mort. Il est dans un monde plus juste, c’est sûr. Pourtant, je ne lui ai pas offert les sacs de ses copains.

– 26 Mars 2016 :

On parle à mes enfants, on leur explique le départ de «Mahmoud». «Mahmoud est content, il joue, il dessine, il ne souffre plus, il est avec les anges…». On leur explique… mais comment leur justifier pourquoi sa maman n’était pas près de lui? Comment leur expliquer qu’au Pakistan, en Belgique, au Nigeria, en Irak, en Syrie et en Egypte des dizaines sont morts, alors qu’ils auraient pu répandre le bonheur partout? Je ne pourrais pas parler de l’injustice ou de l’humanité.

– 27 Mars 2016 :

On annule les activités, impossible de circuler à Bruxelles, trop risqué de se déplacer avec les enfants… C’est pénible. Mon travail, mes amis, mon temps sont justement partagés entre le Caire et Bruxelles. Maintenant, la douleur at la peur pour le pays aussi… Le fallait-il vraiment?

L’espoir? Ce mot parait parfois me parait insolent! Mais il reste… Oui, je suis sûre… dans le sourire de mes enfants aux bénévoles sans parler la même langue, dans ces émotions purs quand on bricole, dessine ou chante, dans la partage des souvenirs des moments durs, dans la diversité de nos couleurs, langues, dialectes, idées… Oui, l’espoir reste tant que nous partageons un cœur qui veut simplement rester humain….

NH

Etudiante égyptienne en Belgique et bénévole à SB Overseas.

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