Chaque matin de ma semaine de travail, je suis accueillie par seize petits êtres exubérants de cinq ans, la meilleure façon de commencer la journée ! C’est ma classe de maternelle, les plus jeunes enfants du centre Bukra Ahla de SB Overseas.

Ils me rappellent tous les jours la chance et le privilège qui m’est donné de profiter chaque matin deleur joie et de leur énergie débridée.

Ils me rappellent aussi à quel point j’ai eu la chance d’avoir été une enfant suffisamment privilégiée pour que tous mes droits me soient reconnus dès le jour de ma naissance. Le droit à l’éducation, le droit de jouer, le droit à la sécurité…

Chacun de ces enfants déborde d’un amour inconditionnel qu’ils offrent librement, de leur plein gré et sans hésitation, et j’aime à mon tour chacun d’eux de tout mon cœur.

Mais je veux parler d’un garçon en particulier qui a captivé mon imagination.

Voici Ahmad

Ahmad est un acteur. Jamais je n’ai rencontré un enfant aussi expressif, avec une capacité aussi naturelle à influencer mes émotions par la moindre inclinaison de sa tête.

Quand il est heureux, son énergie envahit la pièce. Quand il est triste, il me suffit de croiser son regard pour sentir mon cœur se briser.

Souvent, je l’aperçois en train de jouer des personnages imaginaires. Il s’élance d’un bond dans une danse euphorique ou, sans transition aucune, imite ses animaux préférés avec une habileté fascinante

Il aime apprendre. Quand je rentre dans la salle de classe, il est le premier à se précipiter pour me saluer. Lorsque je le complimente sur son travail, il sourit au reste de la classe.

C’est un enfant qui ne demande pas votre attention, il l’attire sans effort.

J’ai mon cœur dans la paume de sa petite main.

La famille d’Ahmad est originaire de Homs ; une des villes les plus dévastées par la guerre en Syrie. Sa mère Aicha, une femme d’une force et d’une dignité exceptionnelles, m’a raconté que leur vie avant la guerre était belle, que tous les membres de leur famille vivaient à proximité, qu’ils étaient ensemble, qu’ils étaient heureux

Puis les manifestations ont commencé, des personnes ont été arrêtées, des combats ont éclaté et la violence s’est intensifiée un peu plus chaque jour. Le frère aîné d’Ahmad a grandi terrifié par les sons qui l’entouraient ; le moteur d’une voiture qui pétarade, une porte qui claque, des bombes qui explosent devant la fenêtre de sa chambre

Leur vie était en grand danger à chaque instant, chaque jour. En sortant de la maison, il était impossible de savoir s’ils reviendraient

Ils ont alors pris la décision déchirante de partir. La famille a été poussée dans différentes directions. Les parents et les frères ainésd’Ahmad ont fui à Beyrouth, là où ce fut leur seule chance de trouver un nouveau foyer et une nouvelle vie dans le camp de réfugiés de Shatila. C’est ici qu’Ahmad est né.

Après avoir subi tant de traumatismes, il est inacceptable qu’une fois avoir finalement retrouvé « la sécurité », les épreuves n’aient fait que se multiplier.

La vie à Shatila est misérable et dangereuse. Les drogues sont légion, des fusillades fréquentes surviennent entre les milices rivales qui dirigent le camp. Lorsque des combats éclatent, toute la famille se cache dans une pièce et se contente d’attendre et de prier. Les murs sont en béton mais le plafond est mince et fragile. Le frère d’Ahmad est toujours terrifié à chaque son qu’il entend.

Retourner en Syrie n’est pas une option. Les frères aînés, qui sont eux-mêmes encore des enfants, seraient immédiatement enrôlés dans l’armée. Pour Ahmad, ce ne serait qu’une question de temps

Mais quand vient le matin, Ahmad prépare son petit sac à dos et se rend à l’école.

Il aime l’école. Il aime ses amis. Il conserve toutes les feuilles d’exercice et tout ce que nous faisons en classe. Aicha lui a acheté un classeur qu’il garde chez lui et dans lequel il a fièrement rangé tout son travail.

Un jour, Ahmad est venu à Bukra Ahla avec un sac contenant les quelques jouets qu’il possède et a demandé s’il pouvait les donner à sa classe. Aicha me dit qu’il a refusé de quitter la maison sans eux. Il a donné un jouet à chacun des enfants. Il ne voulait rien en retour, non merci, pas d’éloges.

Cet enfant, vivant dans une pauvreté extrême, prêt à donner le peu qu’il a simplement pour voir ses amis sourire, n’est-il donc pas le bienvenu ?

Il a le plus pur des cœurs et la plus belle des âmes. Pourtant, il n’y a pas un endroit dans le monde où il est en sécurité, ou même le bienvenu.

Car il est réfugié syrien.
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SB Overseas se bat non seulement pour offrir aux enfants comme Ahmad l’éducation qu’ils méritent, mais également un lieu où ils peuvent être vraiment aimés, accueillis et désirés. Tout ce que vous pourrez donner permettra à cette incroyable organisation de poursuivre son travail indispensable. S’il vous plaît, faites un don. Merci.

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