Comment partagez-vous une orange de manière équitable?

Votre premier instinct serait probablement de dire: “coupez-la en deux part égales”. Mais est-ce la meilleure stratégie?

Ce problème a récemment été posé aux jeunes du centre d’accueil de la Croix Rouge à Uccle. Pendant cette session, il a été demandé à une partie des participants de faire semblant d’être assoiffés et de vouloir le jus d’une orange.Tandis que le second groupe devait quand à lui faire un gâteau avec le zest de la peau d’une orange. Alors que les deux groupes se réunissait, les jeunes devaient négocier le partage d’une orange sans auparavant connaître les intentions du groupe opposé – ainsi, comment déterminez-vous le partage le plus équitable de l’orange?

Cette simulation, jouée avec les jeunes et volontaires de SB Espoir au cours d’un atelier sur les compétences en matière de négociation, a été dirigé par Avi Goldstein du Pathways Institute for Negotiation Education.

Au début, j’étais un peu sceptique quand à l’importance d’acquérir des compétences de négociation pour des adolescents – il est déjà assez difficile d’essayer d’apprendre des compétences en négociation et théorie des jeux en tant qu’étudiant d’université! Mais alors qu’Avi nous guidait dans l’exécution des activités, il est alors apparu clairement que:

“La négociation fait partie de notre quotidien” comme l’explique Marco Cagnolati, coordinateur de projet à SB Overseas. “Nous sommes constamment en train de négocier, ne serait que pour convaincre nos amis de venir jouer au football, ou pour convaincre notre patron.ne de nous donner une augmentation de salaire. Les activités de l’atelier consistaient à apprendre comment la négociation et la communication avec les autres ont un impact sur des situations de notre vie quotidienne.”

Mais alors, comment négociez-vous une orange?

Un des jeunes pris l’initiative de demander un couteau et d’éplucher l’orange, gardant la peau pour son groupe afin de faire un gâteau, et donnant le reste de l’orange à l’autre groupe afin qu’ils puissent en extraire le jus.

Il n’a été capable de prendre cette décision qu’après avoir demandé “pourquoi”.

Ainsi, il a pu comprendre ce dont son groupe avait besoin et n’avait pas besoin, et a pu trouver le moyen idéal de partager l’orange. A ce moment, les participants ont compris qu’afin de faire des choix éclairés il était nécessaire de communiquer ses besoins et désirs, plutôt que de faire des suppositions.

Demander “pourquoi” était également la clé du jeu de bras de fer, au cours duquel l’équipe gagnante était celle dont le joueur réussissait à ce que le dos de la main de son partenaire touche la table le plus grand nombre de fois. Plutôt que d’en faire une compétition basée sur la force, les participants ont appris qu’il était parfois plus judicieux de décider de jouer ce jeu de manière à ce que chaque personne remporte le maximum de points. Ainsi, plutôt que de simplement lutter l’un contre l’autre – tel que le jeu est habituellement joué – les joueurs ont décidé de laisser leur partenaire gagner tour à tour, pour que les deux joueurs gagnent le plus de points en tant qu’équipe.

Ce type d’activités de résolution de problèmes constitue l’axe principal de la mission de Pathway, qui utilise le projet de négociation de Harvard pour permettre aux jeunes d’apprendre à “négocier de manière créative, constructive et  équitable”. SB OverSeas fait partie des nombreuses organisations avec lesquelles Pathways est partenaire. Ensemble, toutes ces organisation participent à la mise en oeuvre de cette approche expérimentale dans le but d’enseigner des compétences de négociation aux jeunes, en Europe et dans le monde entier.

Ces compétences en résolutions de problèmes sont essentielles pour les jeunes réfugiés, voir même vitales. En effet, nombre d’entre eux, sans même le réaliser, utilisent leurs capacités de négociations pour aborder différents aspects de leur vie quotidienne (identité, différences culturelles, structures familiales, barrière de la langue, économie, etc) et devront continuer à le faire pour surmonter leurs difficultés, telles que les discriminations qu’ils peuvent rencontrer.

Qui sait, peut-être qu’un jour un ou une des jeunes ayant participé à cet atelier sera sur le devant de la scène internationale en tant que négociateur ou négociatrice de renom!

Écrit par Niki Papadogiannakis, qui travaille actuellement pour SB OverSeas à Bruxelles. 

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