Quiconque venant visiter le centre de Saida penserait sûrement qu'il s'agit d'une école normale, avec des élèves normaux. Avec ses cours qui se déroulent normalement et les enfants qui y participent avec enthousiasme, cette école ne semble pas sortir de l'ordinaire. Cependant, après y être resté un peu plus de temps, il devient évident que les enfants font preuve d'une force incroyable afin de se comporter tel qu'ils le font à l'école. Une conversation que j'ai eue aujourd'hui avec l'un d'eux me l'a rappelé.

L'élève en question est l'un des plus brillants de ma classe. Elle ne renonce jamais face à un défi, et est toujours la première à lever ses mains afin de répondre aux questions que je pose. Elle se renferme sur elle-même parfois, mais elle finit toujours par rebondir. Ses notes sont également excellentes, et elle En plus, elle est une bonne copine pour tous ses camarades de classe. Elle travaille en équipe et essaie toujours de motiver le reste de la classe afin que tous fassent de leur mieux. Lorsque je l'ai nommée assistante du professeur pour une leçon, elle a pris sa tâche très au sérieux et a veillé sur ses camarades avec une grande sincérité. Elle ne cacha pas sa fierté lorsque ses camarades applaudirent ses efforts à la fin de la leçon.

Aujourd'hui deux autres bénévoles et moi-même, ont décidé de manger notre déjeuner à l'extérieur. Un groupe de garçons (parmi lesquels se réservaient certains de nos élèves) jouait au football sur la route déserte en face de nous. Nous nous sommes assis et après un certain temps, certains de nos élèves sont venus nous voir. "Certains" est devenu "beaucoup" comme cela se passe souvent. Après qu'une mère d'un des élèves nous ait rejoints, l'élève en question vint abordant un sourire sur son visage. Elle commença à montrer du doigt plusieurs éléments du paysage en me demandant : "Comment on dit ça en anglais ?".

Alors que lui répondait patiemment, elle me demanda si je connaissais le nom du refuge. Lorsque je nommai le refuge « maison » elle a répondu « Non ! ». Elle dit qu'elle souhaitait rentrer en Syrie et qu'elle détestait devoir vivre dans ce refuge. Sans aucune hésitation, elle m'expliqua que son village en Syrie avait été bombardé et que deux de ses sœurs ainsi que son oncle y avaient été tués. J'étais complètement stupéfaite et je peinais à trouver mes mots. Lorsque le bus public arriva, elle me dit qu'elle devait partir et elle s'en alla.

En étant heureux par le quotidien, j'oublie parfois ce que mes élèves ont vécu et transmis de vivre. Le fait qu'ils réussissent aussi bien qu'ils le font n'est rien d'autre qu'un miracle. Ce sont eux les vrais héros du centre, et ils sont la raison pour laquelle les bénévoles s'investissent autant afin de leur donner la meilleure éducation possible. Car c'est leur droit fondamental en tant qu'enfants, et ce par quoi ils sont passés est une grande injustice.

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